Depuis la fenêtre, Frodon regardait son oncle arroser les fleurs. Il n'en connaissait pas le nom ; il s'agissait de longs cônes vaillamment tendus vers le ciel, aux pétales ronds, comme de petits bourgeons colorés allant du très clair au très sombre. Il y en avait de toutes sortes, de toutes les nuances, ce qui formait un charmant parterre en été.
L'enfant passa la tête dehors et appela :
- Oncle Bilbo ! Quel est le nom des fleurs ?
Son tuteur releva la tête dans un sursaut, comme s'il avait été brusquement tiré d'une rêverie profonde ; son regard portait encore une trace des pensées fugaces qui s'attardaient dans son esprit.
Il ouvrit la bouche, hésita, puis répondit :
- Des lupins.
- Lupin..., répéta le petit, les yeux brillants. Lupin. C'est joli.
Bilbo reporta alors son attention sur les fleurs et poussa un discret soupir. Les souvenirs s'éloignèrent, le laissant avec un doux sentiment de nostalgie.
- Oui, dit-il. Ça l'est.
Il approcha pour ébouriffer les cheveux bouclés de son neveu.
- Allons nous promener, puis nous préparerons le dîner.
- Chouette !, s'exclama le petit Frodon en s'éclipsant.
Bilbo jeta un dernier coup d’œil en arrière, se rappelant de celui qui lui avait offert de quoi égayer son jardin.
« En langage des fleurs, il signifie un besoin de calme et de sérénité. Tout à fait ce qu'il te faut, mon cher ami hobbit... »
S'arrachant au passé, Bilbo sourit en rejoignant Frodon qui attendait déjà avec impatience sur le seuil de la porte.
- Allons-y.